
La clé d’un pilotage fluide n’est pas de dominer votre VTT, mais d’apprendre à dialoguer avec lui comme avec une monture.
- Votre vélo vous envoie des signaux constants via sa géométrie, ses suspensions et ses pneus.
- Transformer ces signaux en anticipation est la différence entre subir le sentier et danser avec lui.
Recommandation : Commencez par un réglage simple mais fondamental, comme le SAG de vos suspensions, pour initier ce dialogue et sentir une différence immédiate sur le terrain.
Vous enchaînez les sorties, mais un sentiment de frustration persiste. Sur ce sentier que vous connaissez par cœur, votre VTT semble parfois collé au sol, et l’instant d’après, il devient imprévisible et fuyant. Vous avez l’impression de subir ses réactions plus que de les maîtriser. Vous avez lu tous les conseils : « regarde loin », « fléchis les genoux », « baisse ta selle en descente ». Pourtant, le « feeling », cette connexion intuitive qui transforme un bon pilote en un excellent pilote, vous échappe encore. Vous vous demandez ce qui sépare votre expérience de celle de ces vététistes qui semblent flotter au-dessus des racines et des cailloux.
La plupart des guides se concentrent sur la technique pure ou le matériel. Ils vous disent quoi faire, mais rarement pourquoi vous le ressentez de telle ou telle manière. La véritable rupture ne se trouve pas dans l’application d’une nouvelle règle, mais dans un changement complet de perspective. Et si la clé n’était pas de forcer votre machine à obéir, mais d’apprendre à l’écouter ? Pensez à votre VTT non pas comme un outil, mais comme une monture. Un dresseur de chevaux ne domine pas sa bête par la force ; il apprend son langage, interprète ses réactions, anticipe ses peurs et construit une relation de confiance. Votre VTT vous « parle » en permanence à travers des vibrations, des compressions et des pertes d’adhérence. Cet article est votre guide pour devenir ce « dresseur ».
Nous allons décomposer ce dialogue invisible, étape par étape. Nous commencerons par comprendre la « personnalité » innée de votre monture dictée par sa géométrie, puis nous apprendrons à régler ses « oreilles » – les suspensions – pour mieux entendre le terrain. Enfin, nous affinerons votre propre instinct de cavalier pour transformer les informations reçues en décisions fluides et instinctives. Préparez-vous à changer non pas votre vélo, mais votre relation avec lui.
Pour vous plonger dans l’univers du pilotage et l’ambiance des sentiers, la vidéo suivante capture l’essence même de l’engagement et de la passion qui animent la communauté VTT. Elle complètera parfaitement les conseils techniques de ce guide par une dose d’inspiration visuelle.
Cet article est structuré pour vous accompagner dans cet apprentissage progressif. Chaque section est une nouvelle étape pour affiner votre écoute et construire une communication parfaite avec votre monture mécanique. Découvrez le parcours que nous vous proposons.
Sommaire : Déchiffrer le langage secret de votre VTT sur les sentiers
- Stabilité ou agilité : comment la géométrie de votre VTT dicte votre style de pilotage
- Le guide pratique pour régler vos suspensions avant de partir (et pas au milieu du sentier)
- 27.5, 29 ou Mullet : la vérité du terrain sur le débat de la taille des roues
- Les 5 réflexes de pilotage qui vous envoient au tapis (et comment les reprogrammer)
- Vous voulez plus d’adhérence ? La solution est dans vos pneus, pas dans vos suspensions
- Avant de piloter, apprenez à voir : comment le terrain vous parle et ce qu’il vous dit
- Trouvez votre pression idéale : le protocole de test pour un réglage sur mesure
- Le VTT : plus qu’un sport, l’art de lire le terrain et de décider en une fraction de seconde
Stabilité ou agilité : comment la géométrie de votre VTT dicte votre style de pilotage
Avant même de tourner les pédales, le caractère de votre « monture » est déjà défini par son squelette : sa géométrie. Tout comme un cheval de course n’a pas la même morphologie qu’un cheval de trait, un VTT d’enduro n’est pas « construit » comme un VTT de cross-country. Comprendre ces différences fondamentales est la première étape pour dialoguer avec votre vélo au lieu de le combattre. Les chiffres comme l’angle de direction, le reach ou la hauteur du boîtier de pédalier ne sont pas que du jargon technique ; ils décrivent le comportement inné de votre machine.
Un angle de direction très « ouvert » (plus proche de l’horizontale) rendra votre vélo plus stable à haute vitesse en descente, comme un cheval avec un grand empattement qui galope en ligne droite. À l’inverse, un angle « fermé » le rendra plus vif et maniable dans les virages serrés, mais plus nerveux dans le rapide. C’est cette géométrie qui, au fond, établit les bases de la communication. L’expert et multiple champion du monde Fabien Barel va même plus loin, soulignant la primauté de la structure sur les aides, comme le rapporte le guide de géométrie VTT de Canyon :
Je serais capable de rouler avec une géométrie moderne, même sans suspension
– Fabien Barel
Cette affirmation puissante montre que la géométrie est le langage premier. Les suspensions et les pneus viennent ensuite pour affiner et amplifier ce dialogue. Ne pas comprendre la géométrie de votre VTT, c’est essayer de faire sauter des obstacles à un cheval de dressage : c’est possible, mais vous luttez contre sa nature profonde.
Le tableau suivant, inspiré des analyses de spécialistes comme celles disponibles sur ProBikeShop, résume l’impact de la géométrie sur le comportement du vélo selon sa discipline. Identifiez où se situe votre monture pour mieux comprendre ses réactions instinctives.
| Discipline | Angle de direction | Reach | Boîtier | Comportement principal |
|---|---|---|---|---|
| Randonnée | Modéré | Modéré | Haut (confort) | Stabilité et confort sur terrain vallonné |
| Cross-Country | Fermé (maniabilité) | Long | Bas (performance) | Performance en montée et relances rapides |
| All-Mountain | Légèrement ouvert | Modéré | Bas | Polyvalence montée/descente |
| Enduro | Très ouvert | Rallongé | Très bas | Performance agressive en descente |
| DH/Freeride | Très ouvert | Variable | Très bas | Stabilité maximale en descente rapide |
Le guide pratique pour régler vos suspensions avant de partir (et pas au milieu du sentier)
Si la géométrie est le squelette de votre monture, les suspensions en sont les muscles et les oreilles. C’est à travers elles que le vélo « entend » le terrain et absorbe les impacts. Des suspensions mal réglées, c’est comme essayer de dialoguer avec quelqu’un qui porte un casque anti-bruit : l’information ne passe pas. Vous ressentez soit chaque petit caillou de manière brutale (trop ferme), soit une sensation de flottement déconnecté du sol (trop mou). Le réglage clé, le premier mot de ce dialogue, est le SAG (l’enfoncement de la suspension sous votre seul poids).
Un SAG correct, généralement entre 25 % et 30 % de la course totale pour une pratique All-Mountain/Enduro, permet à la roue de rester en contact avec le sol, même dans les creux. C’est ce qui vous donne de l’adhérence et du contrôle. Ensuite vient le réglage de la détente (ou « rebound »), qui contrôle la vitesse à laquelle la suspension revient à sa position initiale après un choc. Une détente trop rapide vous donnera l’impression d’être sur un ressort et vous éjectera sur les bosses. Une détente trop lente « tassera » la suspension sur une succession de chocs, la rendant dure et inefficace.
Ce gros plan sur un amortisseur illustre la complexité et la précision de ces mécanismes. Chaque molette est un outil pour affiner l’écoute de votre vélo.

Le réglage parfait est un équilibre : la suspension doit revenir assez vite pour être prête pour le prochain choc, mais assez lentement pour ne pas vous désarçonner. C’est un dialogue tactile que vous devez apprendre à sentir. Oubliez l’idée de trouver le réglage « magique » en ligne ; il dépend de votre poids, de votre style et du terrain. Le seul vrai juge, c’est le sentier.
Votre plan d’action : trouver le bon SAG avant de rouler
- Préparez-vous : équipez-vous comme pour une sortie (casque, sac, chaussures) pour que le poids soit réaliste.
- Mesurez le SAG : montez sur le vélo en position de pilotage (debout sur les pédales), sans donner de coups de pédale. Descendez doucement et mesurez l’enfoncement de la bague témoin sur le piston de l’amortisseur et de la fourche.
- Ajustez la pression : si l’enfoncement est supérieur à 30%, ajoutez de l’air avec une pompe haute pression. S’il est inférieur à 25%, enlevez-en. Répétez jusqu’à atteindre la bonne valeur.
- Testez la détente : comprimez fortement la suspension et observez la vitesse du rebond. La roue doit « lécher » le sol au retour, sans rebondir ni remonter trop lentement. Ajustez la molette de détente (souvent rouge) cran par cran.
- Validez sur le terrain : roulez sur un sentier familier. Votre vélo semble-t-il plus stable et prévisible ? C’est le signe que le dialogue s’installe.
27.5, 29 ou Mullet : la vérité du terrain sur le débat de la taille des roues
Le choix de la taille des roues de votre VTT est comme choisir la « foulée » de votre cheval. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, seulement une adéquation entre la morphologie de la monture, le terrain et ce que vous lui demandez. Une grande roue de 29 pouces a une foulée longue : elle conserve mieux sa vitesse, survole les obstacles plus facilement et offre une plus grande surface de contact au sol, donc plus d’adhérence. C’est le cheval d’endurance, idéal pour les longues traversées et les terrains rapides et cassants.
À l’opposé, une roue de 27.5 pouces a une foulée plus courte et plus vive. Elle est plus facile à mettre en mouvement, plus agile dans les virages serrés et plus joueuse. C’est le Quarter Horse, explosif et maniable, parfait pour les sentiers sinueux et les sessions où la réactivité prime sur la vitesse pure. Puis est arrivée la configuration « Mullet » (ou « MX »), qui combine une roue de 29 pouces à l’avant et une de 27.5 à l’arrière. C’est une tentative de créer une monture hybride.
Comme l’explique très bien l’équipe de conseillers chez Decathlon, le but de cette configuration est de prendre le meilleur des deux mondes. La grande roue avant apporte la stabilité et la capacité de franchissement, inspirant confiance pour attaquer le terrain, tandis que la petite roue arrière conserve l’agilité et la nervosité pour se faufiler dans les virages et pomper sur le terrain. C’est un compromis qui gagne en popularité en Enduro et en DH, où l’on cherche à la fois la sécurité à haute vitesse et la maniabilité dans les sections techniques.
Le tableau suivant synthétise les caractéristiques de chaque « foulée » pour vous aider à comprendre ce que vos roues vous disent sur le terrain.
| Taille de roue | Avantages | Inconvénients | Meilleur pour |
|---|---|---|---|
| 27.5 pouces | Polyvalence, bon compromis confort/maniabilité, dynamisme en relance | Moins d’inertie que le 29 | All-Mountain, terrains sinueux, épingles serrées |
| 29 pouces | Franchissement obstacles, adhérence, vitesse de roulement, inertie | Plus difficile à accélérer et changer de direction, plus lourd | Cross-Country, grandes traversées, terrain rapide |
| Mullet (29/27.5) | Stabilité avant + maniabilité arrière, versatilité spécialités | Géométrie modifiée, centre de gravité décalé | Enduro, DH, sections techniques agressives |
| 26 pouces | Maniabilité, nervosité, légèreté | Confort réduit, passages techniques étroits | VTT de descente technique classique, Dirt |
Les 5 réflexes de pilotage qui vous envoient au tapis (et comment les reprogrammer)
Vous pouvez avoir la meilleure monture du monde, si vos réflexes de cavalier sont mauvais, la chute est inévitable. En VTT, beaucoup d’erreurs proviennent de réflexes de survie humains qui sont contre-productifs sur un vélo. Le plus grand défi n’est pas d’apprendre de nouveaux gestes, mais de « désapprendre » les mauvais. C’est un travail de reprogrammation mentale et physique pour faire confiance à votre vélo et au dialogue que vous avez établi avec lui.
Le premier mauvais réflexe est de se raidir. Face à un obstacle, votre corps se crispe, vos bras et vos jambes se verrouillent. Vous devenez un bloc rigide qui subit l’impact au lieu de l’absorber. Un bon pilote reste souple, utilisant son corps comme une suspension supplémentaire. La position idéale en descente, illustrée ci-dessous, montre ce relâchement : genoux et coudes fléchis, prêts à bouger avec le vélo, et non contre lui.

Un autre réflexe fatal est de fixer l’obstacle. Votre vélo va là où votre regard porte. Si vous regardez la racine, vous irez sur la racine. Le secret est de regarder là où vous voulez aller : la sortie du virage, l’espace entre les rochers. C’est en faisant confiance à votre vision périphérique et à votre instinct que vous laisserez votre monture trouver le meilleur chemin. Voici les erreurs les plus communes à corriger pour commencer à piloter avec fluidité :
- Regarder sa roue avant : Votre cerveau n’a pas le temps d’analyser l’information. Solution : Forcez-vous à lever la tête et à regarder 10 à 15 mètres devant vous. Scannez le terrain loin devant pour choisir votre ligne bien à l’avance.
- Freiner dans le virage : C’est le meilleur moyen de faire décrocher la roue avant et de tirer tout droit. Solution : Freinez fort et droit avant le virage, puis relâchez les freins en entrant dans la courbe pour laisser le vélo conserver son angle et son adhérence.
- Rester assis en descente technique : Votre centre de gravité est trop haut et trop rigide. Solution : Mettez-vous debout, selle baissée, pieds à la même hauteur, et laissez le vélo bouger sous vous.
- Forcer sur les pédales en montée raide : Vous allez patiner et vous épuiser. Solution : Anticipez et passez sur un plus petit développement avant la difficulté. Gardez une cadence de pédalage élevée et régulière (mouliner).
- Se bloquer face à un obstacle : La peur vous fige et vous fait subir le choc. Solution : Apprenez les bases du franchissement (lever la roue avant, alléger l’arrière) sur de petits obstacles pour construire votre confiance.
Vous voulez plus d’adhérence ? La solution est dans vos pneus, pas dans vos suspensions
L’adhérence, ou le « grip », est le mot sacré du vététiste. C’est la confiance qui vous permet de prendre de l’angle dans un virage, de freiner tard ou de grimper une pente glissante. Beaucoup cherchent cette confiance dans des suspensions coûteuses, alors que le secret réside souvent dans l’élément le plus simple et le plus direct : le contact entre vous et le sol. Pensez aux pneus comme aux sabots de votre monture. Vous ne mettriez pas les mêmes fers à un cheval pour marcher sur l’asphalte ou dans la boue. C’est la même chose pour votre VTT.
Le choix du pneu (sa gomme, le dessin de ses crampons, sa carcasse) est la première moitié de l’équation. Un pneu aux crampons hauts et espacés sera excellent pour évacuer la boue des forêts normandes, mais lent et peu rassurant sur les dalles rocheuses et sèches de Provence. À l’inverse, des crampons bas et rapprochés offriront un excellent rendement sur terrain sec mais se transformeront en savonnettes à la première pluie. La clé est d’adapter votre « chaussure » au terrain que vous pratiquez le plus souvent.
L’autre moitié de l’équation, souvent négligée, est la pression. C’est le réglage le plus puissant, le plus simple et le moins cher à votre disposition pour modifier radicalement le comportement de votre vélo. Une pression trop élevée et le pneu devient un bout de bois dur : il rebondit sur les obstacles et sa surface de contact au sol est minuscule. Une pression trop basse et vous gagnez en confort et en grip, mais vous risquez la crevaison par pincement et le pneu devient flou et imprécis en virage. L’art consiste à trouver le point d’équilibre parfait.
Pour vous guider, voici une synthèse des recommandations de spécialistes du cycle comme ceux de LVR Cycles, adaptée aux conditions que l’on rencontre en France.
| Terrain/Condition | Type de pneu | Section recommandée | Pression conseillée | Caractéristiques des crampons |
|---|---|---|---|---|
| Sec et roulant | Tubeless Ready | 2,00″ – 2,20″ | 2,0 – 2,5 bars | Petits et rapprochés pour rendement |
| Humide/Boueux (Normandie, Bretagne) | Tubeless ou Tubeless Ready | 2,30″ – 2,50″ | 1,5 – 2,0 bars | Grands et espacés pour évacuation boue |
| Rocailleux/Calcaire (Provence, Sud) | Increvable renforcé | 2,35″ – 2,50″ | 1,8 – 2,2 bars | Hauts et espacés pour accroche inégale |
| Mixte/Polyvalent (Alpes, Massifs) | Tubeless Ready | 2,20″ – 2,40″ | 1,8 – 2,2 bars | Moyens hybrides (serrés centre, espacés côtés) |
Avant de piloter, apprenez à voir : comment le terrain vous parle et ce qu’il vous dit
Le dialogue avec votre VTT se fait par le toucher, mais il commence par la vue. Un pilote expérimenté ne voit pas un sentier, il le lit. Chaque variation de couleur, de texture ou de forme est une phrase dans le langage du sentier. Apprendre à déchiffrer ce langage vous permet d’anticiper bien avant que votre pneu avant ne touche l’obstacle. C’est la différence entre réagir à une surprise et exécuter un plan. C’est l’essence même du « flow ».
Commencez par observer les couleurs. Une terre noire et sombre est souvent synonyme d’humidité et donc de bonne adhérence. À l’inverse, des pierres calcaires brillantes, presque blanches, surtout après une pluie fine, sont un signal d’alerte : « danger, surface glissante ». Une zone poussiéreuse et claire sur un sol dur indique une perte de grip imminente. Les racines vous parlent aussi : si elles sont sombres et humides, elles peuvent offrir une bonne accroche, mais si elles sont sèches et polies par des milliers de passages, elles sont de véritables rails de savon.
L’observation ne se limite pas au sol juste devant votre roue. Levez les yeux et lisez le paysage. Des branches cassées à hauteur de guidon signalent un passage étroit et potentiellement dangereux. Une zone où la végétation est arrachée et la terre creusée au milieu d’une courbe est une « zone de panique » : c’est là que les autres pilotes freinent en urgence et perdent le contrôle. C’est une information précieuse qui vous dit de ralentir avant et de choisir une ligne extérieure plus sûre.
De même, l’exposition du sentier est un indice crucial en montagne. Un versant exposé au nord (l’ubac) restera humide et boueux bien plus longtemps après la pluie qu’un versant exposé au sud (l’adret), qui séchera vite mais pourra devenir cassant. Apprendre à voir, c’est collecter des centaines de micro-informations pour prendre la décision juste en une fraction de seconde. C’est transformer le paysage en une carte de prédictions sur le comportement à venir de votre monture.
Trouvez votre pression idéale : le protocole de test pour un réglage sur mesure
Nous avons établi que la pression des pneus était le réglage le plus influent pour le dialogue avec le terrain. Mais comment trouver « votre » pression idéale, celle qui équilibre parfaitement adhérence, rendement et protection contre les crevaisons ? Oubliez les tableaux génériques et les recommandations de votre voisin. La pression parfaite est une signature, un réglage personnel et dynamique qui dépend de votre poids, de votre style de pilotage agressif ou coulé, du volume de vos pneus et du type de terrain que vous fréquentez.
La seule méthode fiable est le test méthodique sur le terrain. Cela peut sembler fastidieux, mais l’investissement de 30 minutes vous fera gagner en confiance et en plaisir pour des centaines d’heures. L’objectif est de créer un protocole de test simple et reproductible. Le VTT est une pratique populaire en France, où, selon une enquête gouvernementale de 2024, on observe qu’une part significative de la population s’y adonne régulièrement. En effet, 37 % des Français pratiquent le vélo au moins une fois par mois, ce qui montre l’importance d’un réglage optimisé pour profiter pleinement de chaque sortie.
Le protocole est simple :
- Choisissez votre boucle test : Identifiez un petit circuit de 2 à 5 minutes près de chez vous. Il doit comporter les éléments clés que vous rencontrez habituellement : un virage en appui, une section avec des racines, une petite montée technique et une zone de freinage.
- Établissez une base : Gonflez vos pneus à une pression moyenne recommandée (par exemple, 1.8 bar à l’avant, 2.0 bars à l’arrière pour un pilote de 75 kg en Tubeless).
- Roulez et ressentez : Faites la boucle 2-3 fois à cette pression. Concentrez-vous sur vos sensations. Le vélo est-il confortable ? Tape-t-il dans les racines ? Est-il précis en virage ? Le pneu se déforme-t-il ?
- Ajustez et répétez : Baissez la pression de 0.1 bar à l’avant et à l’arrière. Refaites la boucle. Sentez-vous plus d’adhérence ? Plus de confort ? Ou le pneu devient-il trop flou ? Prenez des notes mentales ou écrites.
- Trouvez les limites : Continuez à baisser la pression par paliers de 0.1 bar jusqu’à sentir que le pneu se dérobe en virage ou que vous entendez la jante toucher sur un impact. Cette pression est votre limite basse. Remontez de 0.1 ou 0.2 bar. C’est votre pression idéale pour l’adhérence.
- Validez : Notez cette pression et roulez avec pendant plusieurs sorties. Vous l’ajusterez légèrement si vous allez sur un terrain très lisse (un peu plus de pression) ou dans la boue (un peu moins).
Ce processus vous apprendra plus sur le comportement de votre vélo que n’importe quel article. Vous créez votre propre base de données de sensations, transformant un réglage abstrait en un dialogue tactile concret.
À retenir
- La géométrie de votre VTT définit son caractère de base : stable ou agile. Travaillez avec, pas contre.
- Le réglage du SAG et de la détente de vos suspensions est la première étape pour que votre vélo « écoute » correctement le terrain.
- Considérez vos pneus comme les « sabots » de votre monture : le bon choix et la bonne pression sont les clés de l’adhérence et de la confiance.
Le VTT : plus qu’un sport, l’art de lire le terrain et de décider en une fraction de seconde
Au terme de ce parcours, vous comprenez que le « feeling » en VTT n’est pas un don mystique réservé à une élite. C’est une compétence qui se construit, une conversation qui s’apprend. C’est l’art de fusionner les informations mécaniques de votre monture avec les indices visuels du sentier pour créer une anticipation fluide. C’est cesser d’être un passager sur un vélo pour devenir un pilote qui ne fait qu’un avec sa machine. Chaque sortie devient une leçon de ce langage non verbal.
Vous avez appris à connaître la personnalité de votre vélo via sa géométrie, à régler ses sens avec les suspensions, à choisir sa foulée avec les roues et à chausser ses sabots avec les pneus. Vous avez commencé à reprogrammer vos mauvais réflexes et à aiguiser votre regard pour lire le terrain. Le résultat de tout cela est une confiance accrue. La peur en descente ou dans les passages techniques ne disparaît pas par magie, elle recule parce qu’elle est remplacée par la compréhension. Vous savez pourquoi votre vélo réagit de cette façon, et vous savez comment l’accompagner.
Cette compétence intuitive, comme le soulignent de nombreux pratiquants, est le fruit de l’expérience et de l’écoute active. Comme le résume bien un témoignage partagé par des passionnés :
La lecture de terrain s’acquiert progressivement, permettant d’anticiper les difficultés et d’adapter son pilotage. Les riders expérimentés développent une intuition basée sur des milliers d’heures sur les sentiers, capable de reconnaître les pièges du terrain en un coup d’œil et de modifier leur trajectoire instantanément.
– La Mode du Sport
Le chemin pour devenir un « dresseur » expert est long, mais chaque sortie est une occasion de pratiquer ce dialogue. Soyez patient avec vous-même et avec votre monture. Écoutez ce qu’elle vous dit. Le cliquetis d’une compression, la légère dérive d’un pneu, la vibration dans le guidon… ce ne sont plus des bruits parasites, c’est le début d’une conversation passionnante.
Maintenant que vous avez les clés pour comprendre ce langage, la prochaine étape est de mettre en pratique ces connaissances sur le terrain et de commencer à construire activement votre propre répertoire de sensations.
Questions fréquentes sur l’art de lire le terrain en VTT
Quels sont les signes visuels qui indiquent une bonne adhérence du terrain ?
Les terres noires et humides, le granit mouillé et les surfaces de boue dense offrent généralement une bonne adhérence. Les traces de pneu parallèles et non glissées indiquent que d’autres pilotes ont eu de l’adhérence. Évitez les surfaces brillantes (calcaire glissant) ou poussiéreuses (sec et fuyant).
Comment anticiper une section technique ou dangereuse sur un sentier inconnu ?
Observez le paysage en surplomb : les crêtes usées indiquent des passages difficiles. Les branches cassées à hauteur du guidon signalent des passages étroits. Les zones d’érosion marquées montrent où les autres pilotes perdent le contrôle. Ralentissez à l’approche de ces zones et positionnez-vous en prise de vue mentale.
Quel est le lien entre l’exposition du versant (ubac/adret) et l’état du terrain ?
Les versants nord (ubac) restent humides plus longtemps en montagne. Les versants sud (adret) sèchent plus vite mais peuvent être cassants et glissants après la pluie. Adaptez votre pression de pneu et votre trajectoire en fonction de cette exposition.