
Le véritable potentiel de votre vélo ne se cache pas dans son cadre, mais dans ses roues : le seul point de contact avec la route, qui dicte 90% de son comportement dynamique.
- Le poids périphérique des jantes (les « masses non suspendues ») a un impact démesuré sur la réactivité et les accélérations.
- La polyvalence d’une jante de hauteur moyenne (35-45mm) surpasse souvent le gain aérodynamique pur d’une jante haute pour un amateur.
- La stratégie « un vélo + deux paires de roues » est plus performante et économique que de posséder deux vélos spécialisés.
Recommandation : Abordez le choix de vos roues non comme un simple achat, mais comme le réglage final du caractère de votre vélo, en cherchant la cohérence parfaite entre votre profil de cycliste, votre cadre et vos terrains de jeu.
Vous aimez votre vélo, mais une frustration grandit. Vous avez l’impression de stagner, que votre machine manque de nervosité en relance, qu’elle vous pénalise dans les bosses ou qu’elle tape sur mauvais revêtement. L’idée de tout changer pour un nouveau modèle à plusieurs milliers d’euros vous traverse l’esprit, mais le budget coince. C’est un dilemme classique. Dans le monde automobile, un passionné confronté au même sentiment ne change pas forcément de voiture. Il commence par l’essentiel : les liaisons au sol. De nouvelles jantes, plus légères, et des pneus performants peuvent métamorphoser le comportement d’une voiture de sport. Le gain en ressenti est immédiat, bien plus perceptible qu’une poignée de chevaux supplémentaires.
En cyclisme, le raisonnement est identique, mais souvent négligé. On se perd dans le débat du cadre aéro contre le cadre léger, on fantasme sur les groupes électroniques, en oubliant l’essentiel. Les conseils habituels se résument à des platitudes : « le carbone c’est mieux », « plus c’est léger, plus ça grimpe ». Ces affirmations sont trop simplistes. Et si la véritable clé n’était pas dans la fiche technique brute, mais dans l’approche ? Et si on enfilait la casquette du préparateur, celui qui cherche la synergie parfaite entre le châssis (votre cadre), le moteur (vous, le cycliste) et le terrain ?
Cet article vous propose d’adopter cette vision. Nous n’allons pas lister les « meilleures roues de 2024 ». Nous allons décortiquer chaque composant de la roue – du poids à l’aérodynamisme, du matériau au moyeu, et jusqu’au pneu – comme autant de réglages qui vont définir le nouveau caractère de votre vélo. L’objectif n’est pas de vous vendre du rêve, mais de vous donner les clés pour faire un choix stratégique, celui qui transformera réellement votre expérience sur la route, sans vous ruiner. Vous allez découvrir que changer de roues, c’est bien plus qu’une simple amélioration. C’est presque changer de vélo.
Pour vous aider à visualiser l’impact de ces choix sur le terrain, notamment en montagne où chaque gramme et chaque réglage comptent, la vidéo suivante offre une analyse complémentaire parfaite. Elle vous plonge au cœur des décisions techniques qui font la différence en altitude.
Pour naviguer efficacement à travers les différents réglages qui s’offrent à vous, ce guide est structuré en plusieurs étapes clés. Chaque section aborde un aspect fondamental du « set-up » de vos roues, vous permettant de construire votre décision de manière éclairée, tel un ingénieur peaufinant sa machine de course.
Sommaire : Le guide du préparateur pour des roues de vélo performantes
- Le poids des roues, l’ennemi invisible : pourquoi chaque gramme sur la jante compte double
- Jantes hautes ou basses ? Le guide pour ne pas sacrifier la stabilité sur l’autel de l’aérodynamisme
- Aluminium ou carbone : le choix de la raison contre le choix de la passion ?
- Le mythe de la rigidité absolue : quand des roues trop raides vous font perdre du temps
- Plus de confort et de polyvalence pour votre vélo ? La solution se trouve peut-être dans vos pneus
- Aéro, endurance ou montagne : quel est le vélo de route parfait pour vos terrains de jeu ?
- Au cœur de la roue : pourquoi un bon moyeu peut transformer votre expérience de roulage
- Le pneu : ces quelques centimètres carrés de gomme qui décident de tout
Le poids des roues, l’ennemi invisible : pourquoi chaque gramme sur la jante compte double
En préparation automobile, le secret le mieux gardé n’est pas la puissance du moteur, mais la réduction des « masses non suspendues ». Ce sont les éléments qui ne sont pas supportés par la suspension : les roues, les pneus, les freins. Alléger ces composants a un effet spectaculaire sur l’agilité, l’accélération et le freinage. Sur un vélo, le principe est exactement le même, et même amplifié. Le poids de vos roues, et plus spécifiquement celui de la jante, est votre ennemi numéro un en termes de dynamisme. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une masse en rotation. Pour la mettre en mouvement à chaque coup de pédale ou la faire changer de direction, vous devez vaincre son inertie. Un gramme sur la jante compte double, voire triple, par rapport à un gramme sur le cadre.
Ce n’est pas une simple sensation. Des calculs précis montrent qu’un cycliste de 75 kg qui économise 300g sur ses roues gagne en moyenne 23 secondes sur une ascension comme l’Alpe d’Huez. Ce gain, apparemment modeste, se traduit surtout par une sensation de facilité et de réactivité grisante à chaque relance. C’est la différence entre un vélo « collé » à la route et un vélo qui bondit sous vos pieds. Cette quête de légèreté est devenue la spécialité de certains artisans français, véritables « préparateurs » du cycle. Des entreprises comme Makadamm à Toulouse se sont forgé une réputation en proposant des montages manuels qui permettent d’optimiser chaque composant pour atteindre des poids records (parfois sous les 1100g la paire) tout en garantissant une fiabilité que les machines industrielles peinent à égaler.
Cette approche artisanale, c’est l’âme de la préparation, comme l’explique Fabrice Mercadié, le fondateur de Makadamm :
Le montage main permet d’obtenir des tensions élevées et donc des roues légères et rigides. Une machine fera 8 tours d’écrou à chaque rayon, pas plus, alors qu’à la main on peut augmenter la tension progressivement pour optimiser.
– Fabrice Mercadié, fondateur de Makadamm, Vidéo YouTube – Les ROUES MAKADAMM GRAVAX 31
L’obsession du poids ne doit cependant pas faire oublier la solidité. Un bon préparateur sait que la fiabilité est la première des performances. Il ne s’agit pas d’alléger à tout prix, mais de trouver le ratio parfait entre légèreté, rigidité et durabilité, un équilibre que seul un montage soigné peut garantir.
Jantes hautes ou basses ? Le guide pour ne pas sacrifier la stabilité sur l’autel de l’aérodynamisme
Le choix du profil de jante est le deuxième grand réglage de votre « set-up ». La croyance populaire est simple : une jante haute fend l’air, donc elle va plus vite. C’est vrai, mais terriblement incomplet. Une jante au profil élevé (50mm et plus) agit comme une voile. Sur le plat et sans vent, elle offre un avantage indéniable. Mais dans les conditions réelles des routes françaises, avec le Mistral dans la vallée du Rhône ou les rafales sur le littoral breton, elle peut devenir un calvaire. Le vent latéral s’engouffre dedans et transforme votre vélo en une machine instable et dangereuse. Vous passez plus d’énergie à lutter pour maintenir votre trajectoire qu’à pédaler efficacement.
L’aérodynamisme à tout prix est un mythe pour l’amateur. Comme le souligne l’expert Alban Lorenzini, pour un cycliste roulant à 35 km/h, le gain entre des jantes de 35 et 50 mm est de seulement 1 à 2 watts. C’est une différence totalement négligeable pour 90% des cyclistes, qui sentiront en revanche bien plus la prise au vent et le poids supplémentaire en montée. La clé, pour un préparateur, est de choisir le profil en fonction du terrain et du « moteur » (le gabarit du cycliste). Un cycliste léger sera beaucoup plus sensible au vent latéral qu’un cycliste puissant de 85 kg.
Voici une approche pragmatique pour choisir son profil :
- Profil bas (< 35mm) : Le choix de la montagne et des parcours très vallonnés. Léger, réactif et insensible au vent, il est idéal pour les ascensions comme le Mont Ventoux. C’est le scalpel du grimpeur.
- Profil polyvalent (35-45mm) : Le « set-up » le plus intelligent pour la majorité des cyclistes en France. Il offre un léger avantage aéro sur le plat sans pénaliser en montée ni devenir une voile par vent de côté. C’est le choix parfait pour les routes vallonnées du Vexin ou les longues sorties en Beauce.
- Profil haut (> 50mm) : Réservé aux purs rouleurs, aux triathlètes ou aux compétiteurs sur parcours plats et rapides. Il exige un « moteur » puissant pour être emmené et une bonne technique pour être tenu par vent de travers. On observe que même chez les professionnels, ce choix est nuancé : si au Paris-Nice 2025, les coureurs utilisent majoritairement des roues de 50mm, les plus petits gabarits restent souvent sur du 40mm pour conserver de la maniabilité.
En somme, ne sacrifiez jamais la stabilité et le confort sur l’autel d’un gain aéro marginal. Le profil polyvalent est presque toujours le meilleur investissement pour qui ne vise pas exclusivement la compétition sur circuit plat.
Aluminium ou carbone : le choix de la raison contre le choix de la passion ?
Le débat aluminium contre carbone est au cyclisme ce que le V8 atmosphérique est au V6 turbo en automobile : une opposition de philosophies. Le carbone fait rêver. Il est synonyme de légèreté, de rigidité et de performance pure. C’est le choix de la passion, celui des professionnels et des machines d’exception. L’aluminium, lui, est le choix de la raison : fiable, abordable, facile à entretenir. Mais se limiter au prix d’achat est une erreur de débutant. Un vrai préparateur analyse le coût total de possession, et c’est là que le match devient intéressant, surtout dans le contexte français.
Une jante en carbone est fragile. Un nid-de-poule mal négocié sur une départementale dégradée, un choc malencontreux, et la jante peut se fissurer. La réparation, bien que possible, est complexe et coûteuse. Par exemple, une réparation de jante fissurée est facturée environ 225 € chez un spécialiste comme Carbone Cycles, avec des délais non négligeables. À l’inverse, une jante en aluminium va se voiler, mais rarement casser. Un simple dévoilage chez n’importe quel vélociste vous coûtera une quinzaine d’euros. Le tableau ci-dessous met en lumière ces coûts cachés.
| Critère | Roues Aluminium Haut de Gamme | Roues Carbone Entrée/Milieu de Gamme |
|---|---|---|
| Prix d’achat paire | 400 – 800 € | 800 – 1500 € |
| Poids paire | 1500 – 1700g | 1400 – 1600g |
| Réparation jante fissurée | Rarement nécessaire (dévoilage 15€) | Possible (200-300 € chez un spécialiste) |
| Durabilité mécanique (chocs) | Excellente, se déforme mais casse peu | Sensible aux impacts, risque de délaminage |
| Marché de l’occasion (Leboncoin) | Actif, décote raisonnable | Très actif, mais risqué sans expertise |
Le carbone n’est donc pas un mauvais choix, mais il doit être fait en connaissance de cause. L’explosion du marché de l’occasion sur des plateformes comme Leboncoin ou Troc-Velo permet d’accéder à des roues carbone à des prix attractifs. Cependant, la prudence est de mise, car une fissure cachée peut transformer une bonne affaire en un coûteux presse-papier. Pour l’acheteur malin, une inspection rigoureuse est indispensable.
Votre checklist pour l’achat de roues carbone d’occasion
- Inspectez les fissures : Tapotez doucement toute la surface de la jante avec l’ongle. Le son doit être clair et uniforme. Un son « creux » ou mat peut indiquer une fissure ou un délaminage.
- Examinez la piste de freinage : Si ce sont des freins sur jante, vérifiez l’usure. Une surface creusée ou irrégulière signifie une usure avancée.
- Vérifiez la tension des rayons : Pincez les rayons deux par deux. La tension doit être élevée et homogène. Des rayons mous sont un mauvais signe.
- Contrôlez le moyeu : Faites tourner l’axe à la main. Il ne doit y avoir aucun « point dur » ni jeu latéral.
- Exigez l’historique : Demandez la facture originale et renseignez-vous sur l’utilisation (compétition, chutes…). Méfiez-vous des roues « chinoises » sans marque ni garantie.
Le mythe de la rigidité absolue : quand des roues trop raides vous font perdre du temps
Dans l’imaginaire collectif, « rigidité » est synonyme de « performance ». Une roue rigide, pense-t-on, transfère parfaitement la puissance du pédalier à la route, sans déperdition. C’est la théorie. La pratique, sur les routes imparfaites que nous arpentons, est bien différente. Une roue ultra-rigide est une roue qui ne filtre rien. Chaque vibration, chaque imperfection de l’asphalte vous remonte directement dans les bras et le dos. Or, un corps qui subit des vibrations est un corps qui se fatigue. Et un cycliste fatigué est un cycliste qui perd en performance.
L’analogie est frappante, comme le résume un expert sur le blog Bike Café : une roue 100% rigide, c’est comme « rouler sur du bois ». Sur le billard d’un vélodrome, c’est parfait. Sur les « ribinou » bretons (chemins de traverse) ou les départementales françaises au bitume granuleux, c’est un calvaire contre-productif. Une bonne roue doit travailler. Elle doit offrir une certaine flexibilité verticale pour absorber les petites imperfections et maintenir le pneu en contact avec le sol, tout en conservant une rigidité latérale maximale pour ne pas se tordre lors des sprints ou des relances en danseuse. C’est cet équilibre subtil qui fait une roue performante sur le long terme.
De plus, la rigidité idéale n’est pas une valeur absolue ; elle est relative au « moteur », c’est-à-dire au cycliste. L’idée qu’il faut la roue la plus rigide possible est un non-sens. Comme le montrent les analyses, un cycliste de 65 kg n’a pas besoin de la même rigidité qu’un sprinteur puissant de 85 kg. Pour un gabarit léger, des roues trop rigides seront non seulement inconfortables mais elles pourront même nuire à la motricité sur mauvais revêtement, la roue ayant tendance à « rebondir » plutôt qu’à suivre le terrain. Pour ce profil, une roue avec une souplesse verticale calculée offrira plus de confort, plus de grip et donc, au final, plus de vitesse, sans aucune perte de performance mesurable en termes de rendement.
Le bon « set-up » n’est donc pas la roue la plus rigide, mais la roue dont la rigidité est adaptée à votre poids, votre puissance et vos terrains de jeu. C’est une nuance fondamentale que seuls les bons préparateurs et les monteurs de roues artisanaux savent véritablement prendre en compte.
Plus de confort et de polyvalence pour votre vélo ? La solution se trouve peut-être dans vos pneus
Imaginez avoir investi dans le meilleur châssis et les jantes les plus performantes, pour ensuite monter des pneus de mauvaise qualité. Impensable en sport automobile. C’est pourtant une erreur fréquente en cyclisme. On se focalise sur les roues en oubliant que le pneu est l’unique et ultime interface entre toute cette belle mécanique et la route. C’est lui qui assure le grip, filtre les vibrations et influence majoritairement la résistance au roulement. Un pneu médiocre ruinera les performances des meilleures roues du monde. À l’inverse, une excellente paire de pneus peut transfigurer le comportement de roues d’entrée de gamme.
Le pneu est votre premier amortisseur. Le passage de sections de 23 ou 25 mm à des sections plus généreuses de 28 ou 30 mm, combiné à des pressions de gonflage plus basses (permises notamment par le tubeless), transforme radicalement le confort. Des tests comparatifs en conditions réelles montrent qu’un pneu de 32 mm en tubeless à 5 bars absorbe mieux les vibrations qu’un pneu de 25 mm à 7 bars, avec un gain de confort estimé à 30-40% sur les routes secondaires françaises. Ce confort n’est pas un luxe. C’est de la performance pure : moins de fatigue, c’est plus de lucidité et de puissance disponible en fin de sortie.
Étude de cas : Le savoir-faire français d’Hutchinson au service du confort
Le pneu Hutchinson Challenger 28mm, fabriqué à la main en France, est un exemple parfait de cette philosophie. Testé sur plus de 800 km de routes départementales et d’asphalte dégradé typiques du réseau français, il a démontré un confort exceptionnel grâce à sa carcasse souple et sa gomme spécifique. Annoncé pour une durée de vie de 8000 km, il représente un compromis idéal entre rendement, grip sur le mouillé et durabilité, incarnant le « set-up » parfait pour le cycliste qui cherche la polyvalence.
L’impact est tel que de nombreux experts s’accordent à dire que l’investissement le plus rentable pour améliorer son vélo n’est pas un nouveau cintre en carbone ou une selle ultralégère. Comme le résume une analyse du blog Cycles et Forme, « pour le cycliste français lambda, une paire de pneus haut de gamme comme les Michelin Power Cup ou les Hutchinson Challenger, coûtant environ 100€, apporte plus de bénéfice tangible qu’un changement de composants bien plus onéreux ». C’est la quintessence de la mentalité du préparateur : chercher le gain maximal pour l’investissement minimal.
La stratégie du préparateur : un seul châssis, deux trains de roues
Face à la diversité des terrains, le cycliste passionné rêve souvent du garage idéal : un vélo aéro ultra-rigide pour les plaines de Beauce, un vélo de montagne poids plume pour l’Alpe d’Huez, et un vélo d’endurance confortable pour les longues cyclosportives. C’est le rêve. La réalité économique et logistique est tout autre. Pour un préparateur, l’optimisation est le maître-mot. Et la stratégie la plus intelligente n’est pas de multiplier les « châssis », mais de jouer sur les « trains de roues ».
Acheter et entretenir deux ou trois vélos haut de gamme représente un investissement colossal. La stratégie alternative, bien plus pertinente pour 95% des cyclistes amateurs, consiste à investir dans un bon cadre polyvalent (de type endurance, qui offre le meilleur compromis confort/performance) et deux paires de roues spécifiques : une paire légère et à profil bas/moyen (30-40mm) pour la montagne et les parcours vallonnés, et une paire plus aérodynamique à profil haut (50-60mm) pour les sorties rapides sur le plat. Cette approche offre une modularité exceptionnelle pour un coût total bien inférieur.
Le tableau suivant compare froidement les deux stratégies. Pour le cycliste amateur français moyen, qui, selon les analyses de profils, alterne sorties en région vallonnée et sorties plus plates, la conclusion est sans appel.
| Paramètre | 1 Vélo Endurance + 2 Paires de Roues | 2 Vélos (Aéro + Montagne) |
|---|---|---|
| Investissement initial | 2500 – 4000 € (vélo + 2 paires) | 5000 – 8000 € (2 vélos milieu de gamme) |
| Entretien annuel | ~200 € (1 transmission, 1 paire de freins) | ~400 € (double maintenance) |
| Logistique (transport, stockage) | Simple et pratique | Complexe, nécessite plus d’espace |
| Flexibilité terrain | Excellente : changement de roues en 5 minutes | Optimale, mais rigide (on ne change pas de vélo en cours de sortie) |
| Performance globale amateur | Offre 90% des performances d’un vélo spécialisé | 100% de la performance, mais souvent inexploitable |
Comme le confirment les spécialistes, cette stratégie « 1+2 » est imbattable en termes de ratio coût/performance/polyvalence. Un bon cadre d’endurance moderne est déjà très performant sur le plan aérodynamique, et son confort inhérent vous permettra d’être plus frais et donc plus puissant sur la durée. En lui greffant des roues légères, vous obtenez une excellente machine pour la montagne. Avec des roues aéro, vous avez un coursier redoutable pour le plat. Vous adaptez votre machine à la sortie du jour, et non l’inverse.
Au cœur de la roue : pourquoi un bon moyeu peut transformer votre expérience de roulage
Si la jante est le squelette de la roue et les rayons ses muscles, le moyeu en est le cœur battant. C’est une pièce mécanique de haute précision, souvent négligée par les cyclistes qui se focalisent sur le poids et le carbone. Pourtant, un moyeu de qualité inférieure peut ruiner le potentiel des meilleures jantes. À l’inverse, un excellent moyeu transfigure une roue. Ses deux rôles principaux sont la fluidité du roulement et la rapidité d’engagement.
La fluidité dépend de la qualité des roulements. Des roulements bas de gamme, mal scellés ou usés, créent des frictions parasites qui vous volent littéralement des watts. Vous pédalez pour vaincre la résistance de votre propre matériel. Des roulements haut de gamme (en acier de qualité ou en céramique) et bien protégés garantissent une roue qui tourne, tourne, et ne semble jamais vouloir s’arrêter. L’engagement, quant à lui, est la vitesse à laquelle le corps de roue libre « accroche » lorsque vous recommencez à pédaler après une phase de roue libre. Un engagement lent se traduit par un « temps mort » désagréable en sortie de virage ou en relance. Un engagement rapide (plus de points d’engagement) donne une sensation de connexion instantanée entre vos jambes et la route, rendant le vélo incroyablement nerveux et réactif.
Cette excellence mécanique est le cheval de bataille de pépites industrielles françaises comme AIVEE, un fabricant de moyeux usinés à La Roche-sur-Yon. Leur approche incarne parfaitement la philosophie du préparateur.
Étude de cas : AIVEE, la haute horlogerie du moyeu français
AIVEE ne fait aucun compromis. Leurs moyeux sont entièrement usinés dans la masse d’aluminium 7075 de qualité aérospatiale. Leurs roulements japonais EZO sont reconnus pour leur faible friction et leur étanchéité. Le système de roue libre offre un engagement rapide avec 36 points de contact, garantissant cette nervosité tant recherchée. Entièrement conçus et fabriqués en France, ces moyeux offrent en plus l’avantage d’un service après-vente local et réactif, un atout majeur pour la maintenance à long terme.
Investir dans un bon moyeu (ou une paire de roues montée avec), c’est s’assurer que chaque watt produit par le « moteur » est transmis à la route sans déperdition. C’est un investissement invisible sur la fiche technique, mais fondamental dans le ressenti. Un bon entretien est cependant crucial : il faut inspecter régulièrement l’absence de jeu, nettoyer l’ensemble et ne pas hésiter à remplacer les roulements (une opération peu coûteuse) dès les premiers signes d’usure pour conserver cette fluidité originelle.
À retenir
- Le poids en périphérie (sur la jante) a un impact démesuré sur la sensation de réactivité d’un vélo, bien plus que le poids du cadre.
- Pour un cycliste amateur, la polyvalence d’une jante de hauteur moyenne (35-45mm) est souvent plus performante et sécurisante qu’un profil aéro pur, trop sensible au vent latéral.
- La stratégie la plus rentable est d’investir dans un bon cadre polyvalent et deux paires de roues spécifiques (montagne/plat) plutôt que dans deux vélos complets.
Le pneu : ces quelques centimètres carrés de gomme qui décident de tout
Nous avons optimisé le poids, l’aérodynamisme, la rigidité et la mécanique. Nous avons un « châssis » et des « liaisons au sol » dignes d’une machine de course. Le dernier réglage, celui qui va conditionner le comportement final, se joue sur quelques centimètres carrés de gomme : le pneu. C’est lui qui transmet la puissance, assure l’adhérence en courbe et filtre les dernières vibrations. Le choix de la gomme, de la carcasse et surtout de la technologie de montage est l’étape ultime de la préparation.
Aujourd’hui, la technologie qui domine en termes de performance est le Tubeless. Abandonner la chambre à air au profit d’un pneu étanche et d’un liquide préventif offre des avantages décisifs. Le premier est la quasi-disparition des crevaisons par pincement. Le deuxième est un gain de confort et d’adhérence spectaculaire, car on peut rouler avec des pressions plus basses sans risquer de pincer. Pourtant, en France, une certaine méfiance persiste. Une analyse montre que près de 40 à 60% des cyclistes amateurs français ont encore une réticence face au Tubeless, par peur d’un montage complexe ou d’une réparation difficile sur la route. Ces craintes sont aujourd’hui largement infondées avec le matériel moderne.
Le passage au Tubeless est un « set-up » qui se maîtrise parfaitement avec un peu de méthode. C’est une compétence de base pour tout préparateur qui se respecte. Voici la feuille de route pour une conversion réussie.
Plan d’action : Votre passage au Tubeless en 5 étapes
- Préparation du matériel : Assurez-vous que vos jantes et pneus sont « Tubeless Ready » (logo TLR ou tubeless compatible). Procurez-vous un fond de jante adhésif de la bonne largeur, des valves tubeless et du liquide préventif de qualité.
- Pose du fond de jante : Nettoyez et dégraissez l’intérieur de la jante. Appliquez le ruban adhésif en le tendant bien, en partant d’un point opposé à la valve, et en le faisant se chevaucher de quelques centimètres. Assurez-vous qu’aucune bulle d’air n’est prisonnière. Percez proprement le trou de valve.
- Montage du pneu : Installez la valve et serrez-la fermement. Montez un premier flanc du pneu, puis le second, en terminant à l’opposé de la valve. L’usage d’un démonte-pneu doit être évité autant que possible pour ne pas abîmer le ruban.
- Le « claquage » : Retirez l’obus de la valve pour un plus grand débit d’air. Gonflez d’un coup sec avec une pompe à pied ou un compresseur jusqu’à entendre les tringles du pneu « claquer » en se positionnant dans les gorges de la jante.
- Injection et finalisation : Dégonflez, injectez la quantité recommandée de liquide préventif (généralement 40-60ml) par la valve, puis remettez l’obus. Gonflez à votre pression de roulage et faites tourner la roue dans tous les sens pour répartir le liquide.
Maîtriser ce réglage, c’est s’offrir plus de performance, de confort et de tranquillité d’esprit. C’est la touche finale qui sublime tout le travail fait en amont. Changer vos roues et vos pneus en adoptant cette vision de préparateur n’est pas une simple dépense, c’est le meilleur investissement que vous puissiez faire pour redécouvrir votre vélo et le plaisir de rouler.
Maintenant que vous avez toutes les clés en main, il ne vous reste plus qu’à analyser votre propre machine, vos parcours et votre profil de cycliste pour composer le « set-up » qui transformera radicalement votre expérience sur la route. Évaluez dès aujourd’hui la solution la plus adaptée à vos besoins spécifiques.