Une personne examinant attentivement son futur vélo dans un atelier de vélociste français, avec des cadres en acier visible en arrière-plan.
Publié le 15 mai 2024

Contrairement à l’idée reçue, le choix d’un vélo ne doit pas être dicté par son prix ou ses composants, mais par une vision à long terme de votre vie.

  • Le vrai coût d’un vélo (Total Cost of Ownership) inclut la maintenance, les réparations et la dépréciation, rendant souvent le « moins cher » plus coûteux au final.
  • Le « vélo à tout faire » est un mythe qui détruit la motivation ; deux vélos spécialisés d’occasion sont souvent un meilleur investissement psychologique et financier.

Recommandation : Abordez cet achat comme un investissement stratégique sur cinq ans. Définissez votre projet de vie avant de définir votre vélo.

L’idée d’un nouveau vélo est souvent synonyme d’excitation. On imagine les balades du week-end, les trajets quotidiens plus rapides, peut-être même ce grand voyage à bicyclette dont on rêve depuis des années. Spontanément, le processus de décision s’oriente vers des critères tangibles : un budget à ne pas dépasser, la couleur du cadre, le nombre de vitesses. On écoute les conseils classiques : « définis ta pratique », « compare les matériaux », « l’aluminium est un bon compromis ». Ces recommandations, bien que logiques en surface, passent à côté de l’essentiel et mènent souvent à une déception coûteuse.

Le véritable enjeu n’est pas d’acheter « un » vélo, mais d’investir dans « le » vélo. Celui qui ne finira pas au fond du garage après six mois. Celui qui accompagnera un déménagement, un nouveau travail, une remise en forme ou un changement de rythme. Mais si la clé n’était pas de trouver un outil, mais de choisir un partenaire de projet ? Si la question n’était pas « de quel vélo ai-je besoin aujourd’hui ? », mais « quelle personne veux-je être dans cinq ans, et quel vélo m’aidera à le devenir ? ». C’est un changement de paradigme fondamental.

Cet article propose d’abandonner la checklist technique traditionnelle pour adopter une approche stratégique. Nous allons analyser le choix d’une bicyclette non comme une dépense, mais comme un investissement personnel. En comprenant le coût réel sur la durée, en déjouant les mythes de la polyvalence et en maîtrisant les actes fondateurs comme le choix de la taille et du matériau, vous ne choisirez pas seulement un moyen de transport, mais un catalyseur de votre projet de vie.

Pour ceux qui préfèrent un format condensé, cette vidéo résume l’essentiel des gammes et budgets à considérer pour faire un choix éclairé en 2025, complétant parfaitement les aspects stratégiques de ce guide.

Pour vous guider dans cette réflexion, cet article est structuré pour vous accompagner pas à pas, du changement de mentalité initial aux protocoles de test concrets. Chaque section est une étape clé pour transformer un simple achat en une décision de vie réussie.

Le syndrome du « vélo à tout faire » : pourquoi cette erreur anéantit votre motivation

La quête du « vélo à tout faire » est le premier piège dans lequel tombe l’acheteur bien intentionné. L’idée d’une machine capable d’affronter les trajets urbains la semaine, les chemins de forêt le samedi et les véloroutes le dimanche est séduisante. En réalité, c’est une recette pour la frustration. Un VTC (Vélo Tout Chemin) polyvalent sera toujours trop lourd pour la route, trop peu maniable pour les sentiers techniques et, au final, peu inspirant dans chaque situation. Le compromis permanent sur la performance et le plaisir anéantit ce que nous appelons le capital motivationnel. L’objet reste un simple utilitaire, sans âme, et finit par prendre la poussière.

Ce plan large de deux vélos dans un garage illustre une vérité contre-intuitive : la spécialisation est source de plaisir et, paradoxalement, de simplicité.

Deux vélos contrastés rangés côte à côte dans un garage français : un gravel en acier et un vélo route urbain carbone.

Comme le montre cette image, posséder deux vélos distincts, par exemple un vélo de route rapide pour les sorties sportives et un robuste vélo hollandais pour la ville, crée un rituel. Chaque sortie devient une expérience spécifique, avec un équipement parfaitement adapté. Psychologiquement, l’attachement est plus fort. Une analyse du marché de l’occasion français comme Leboncoin ou Troc-Velo montre qu’un vélo spécialisé crée une identité (« je suis vélotafeur », « je suis cyclotouriste »), ce qui renforce l’usage régulier. Économiquement, l’achat de deux bons vélos d’occasion revient souvent moins cher qu’un vélo « à tout faire » neuf et décevant.

Le tableau suivant met en lumière les différences fondamentales entre ces deux approches, non seulement en termes de performance mais aussi de coût total de possession et d’engagement personnel.

Comparaison : vélo ‘tout faire’ vs approche multi-spécialisée
Critère Vélo ‘Tout Faire’ (VTC polyvalent) Approche 2 Vélos Spécialisés
Performance route Moyenne (lourd, pneus larges) Excellente (route légère + pneus fins)
Technicité chemins Moyenne (suspensions réduites) Excellente (VTT semi-rigide adapté)
Poids total 13-15 kg Vélo route: 7-9 kg + VTT: 11-13 kg
Motivation d’usage Bas (compromis insatisfaisant) Élevée (rituel, identité associée)
Coût acquisition moyen 900-1200€ (achat unique) 1200-1800€ (2 vélos + occasions)
Coût total 5 ans 2000-3500€ (maintenance intensif) 1800-3200€ (spécialisé, moins d’usure)

L’alternative n’est donc pas de trouver la perle rare, mais de construire son « écurie » de vélos, même modeste. C’est l’acte fondateur d’une pratique cycliste durable et épanouissante.

Le vrai coût d’un vélo : pourquoi le moins cher aujourd’hui vous coûtera une fortune demain

Le prix affiché en magasin n’est que la partie visible de l’iceberg. Penser son budget uniquement en termes de coût d’acquisition est la deuxième erreur stratégique majeure. Le concept clé à intégrer est le Coût Total de Possession (TCO) sur cinq ans. Ce coût inclut l’entretien, les réparations inévitables, les accessoires indispensables (antivol, éclairage, garde-boue) et la valeur de revente. Un vélo d’entrée de gamme, attractif à 500€, peut se transformer en gouffre financier avec des composants qui s’usent prématurément, des passages fréquents en atelier et une valeur de revente quasi nulle.

Le marché français, qui a vu se vendre 1,96 million de vélos en 2024, dont près d’un tiers de VAE, est en pleine mutation. L’inflation pousse vers des choix économiques à court terme, mais une autre tendance de fond se dessine : celle de la réparation. En effet, l’Observatoire du Cycle confirme une hausse significative avec 5,9 millions de passages en atelier en 2024. Ce chiffre démontre que la maintenance est un poste de dépense majeur et inévitable. Un vélo de meilleure qualité, avec des composants standards et durables (type Shimano Deore plutôt que Tourney), nécessitera moins d’interventions coûteuses.

Un autre coût caché, et souvent dramatique, est celui du vol. La Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB) tire la sonnette d’alarme :

Sur les 500 000 vélos déclarés volés chaque année en France, plus de 150 000 vélos sont retrouvés mais ne peuvent être restitués à leur propriétaire par manque d’identification.

– Fédération française des Usagers de la Bicyclette (FUB), Rapport sur le marquage Bicycode

Investir 1000€ dans un vélo de qualité avec un bon antivol et un marquage Bicycode (obligatoire pour le neuf) est souvent plus rentable que d’acheter un vélo à 400€ qui sera volé ou hors d’usage en deux ans. Le calcul du TCO change radicalement la perspective : l’investissement initial plus élevé est amorti par une meilleure fiabilité, des coûts d’entretien réduits et une valeur de revente supérieure.

Envisager son budget sur une période de cinq ans transforme la décision d’achat en une véritable stratégie d’investissement, où la durabilité et la qualité priment sur le prix le plus bas.

La méthode infaillible pour choisir un vélo qui s’adaptera à vos cinq prochaines années

Une fois le paradigme financier changé, la question centrale devient : comment choisir un vélo non pas pour mes besoins actuels, mais pour la personne que je serai dans cinq ans ? Cela demande une projection honnête. Votre vélotaf de 3 km pourrait se transformer en 15 km après un déménagement. Votre envie de « petites balades » pourrait évoluer vers un projet de cyclotourisme sur la Loire à Vélo. Le secret est de choisir une plateforme évolutive, pas un produit figé.

Le phénomène du gravel en France illustre parfaitement ce concept. Le succès fulgurant de cette pratique, qui a attiré 1,2 million de visiteurs sur les plateformes dédiées, repose sur une polyvalence intelligente. Ce n’est ni un vélo de route, ni un VTT, mais un outil capable de s’adapter aux voies vertes, aux chemins agricoles et aux routes dégradées. Il répond à un besoin d’évasion et d’aventure locale sans exiger la performance extrême. Un cadre de gravel en acier ou titane, par exemple, est une excellente base qui pourra être améliorée au fil des ans (meilleures roues, transmission différente) pour suivre l’évolution de votre pratique et de votre budget.

Étude de cas : Le succès du gravel, exemple d’une polyvalence bien pensée

L’explosion du gravel en France après la période Covid est un cas d’école. Des événements comme le premier championnat de France à Châtellerault en 2024, rassemblant 1 700 cyclistes, montrent l’engouement pour cette discipline. Elle incarne une forme de liberté qui correspond à une évolution des mentalités : moins de compétition pure, plus d’exploration. En choisissant un cadre de type gravel, un cycliste investit dans une plateforme qui lui permettra de faire du vélotaf confortable (pneus larges), des sorties sportives sur route et des aventures en bikepacking, simplement en changeant de pneumatiques ou d’accessoires. C’est l’antithèse du VTC « à tout faire » car il excelle dans un domaine précis : le confort et la robustesse sur terrains mixtes.

Pour structurer cette projection, il faut se poser les bonnes questions. Il ne s’agit pas de deviner l’avenir, mais d’identifier les possibilités. Anticipez vos envies, évaluez la nécessité de l’intermodalité (le vélo devra-t-il rentrer dans un TER ou un RER ?), et réservez une partie de votre budget pour les futures améliorations. Un cadre de qualité est la fondation de votre projet ; les composants sont les murs que vous pourrez changer au fil du temps.

Cette approche stratégique garantit que votre vélo ne deviendra pas obsolète face à vos nouvelles ambitions, mais qu’il grandira avec vous, renforçant votre motivation sur le long terme.

Acier, alu, carbone : au-delà du poids, quel matériau correspond vraiment à votre sensibilité ?

Le débat sur les matériaux de cadre est souvent réduit à un simple arbitrage poids/prix. L’aluminium est perçu comme l’option économique, le carbone comme le choix de la performance, l’acier comme une relique du passé et le titane comme un luxe inaccessible. Cette vision est terriblement réductrice. Le choix d’un matériau est avant tout une question de sensibilité, de philosophie de vie et de projet à long terme. Il définit le caractère, le confort et la durabilité de votre investissement.

Chaque matériau possède une « signature » vibratoire et esthétique qui lui est propre. Le toucher, l’aspect et la manière dont il vieillit sont des critères aussi importants que son poids.

Gros plan texturé montrant les différentes surfaces de matériaux de cadre (acier, aluminium, carbone, titane) avec une profondeur de champ extrême.

L’aluminium est rigide et efficace, mais souvent moins confortable sur les routes dégradées. C’est un excellent choix pour un premier vélo de route ou un VTT nerveux, mais il peut se révéler fatigant sur de longues distances. Le carbone, lui, est un matériau miracle en termes de ratio poids/rigidité. Il permet de créer des formes complexes et aérodynamiques, mais il est plus fragile en cas de choc et sa réparation est complexe et coûteuse. C’est le matériau de la performance pure.

L’acier, loin d’être dépassé, fait un retour en force chez les artisans et les cyclotouristes. Il offre un confort inégalé grâce à sa capacité à filtrer les vibrations. Un cadre en acier de qualité (type Columbus ou Reynolds) est « vivant », confortable, extrêmement durable et facilement réparable par n’importe quel soudeur. C’est le matériau du voyage, de la durabilité, du patrimoine. Enfin, le titane combine le meilleur des mondes : léger comme le carbone (ou presque), confortable et quasi éternel comme l’acier. Son coût est élevé, mais c’est un investissement pour la vie. Des artisans français comme Caminade ou Grade9 se spécialisent dans ces matériaux nobles, proposant des vélos sur-mesure conçus comme des objets durables et réparables localement, une philosophie à l’opposé du consumérisme.

Au lieu de vous demander « quel est le plus léger ? », demandez-vous « quel matériau correspond à mon rapport au temps, à la durabilité et au confort ? ». La réponse orientera votre choix vers un vélo qui vous ressemble vraiment.

Choisir la taille de son cadre : l’acte fondateur qui conditionne tout le reste

Si le choix du matériau est une question de philosophie, celui de la taille du cadre est un acte fondateur non-négociable. Une erreur de taille est tout simplement irrécupérable et transformera le vélo de vos rêves en un instrument de torture. C’est la garantie d’un abandon rapide de la pratique et d’une perte financière sèche, car un vélo à la mauvaise taille est quasiment impossible à revendre sur le marché de l’occasion français.

Le piège le plus courant est de se fier aux indications marketing « S, M, L ». Comme le soulignent les experts, ces tailles ne sont absolument pas standardisées. Un « taille M » chez Lapierre n’aura rien à voir avec un « taille M » chez Orbea ou Trek. Chaque marque a sa propre géométrie, sa propre définition des tailles. Se baser sur votre taille globale (ex: « je mesure 1m80, il me faut un L ») est une grave erreur. Deux personnes de même taille peuvent avoir des proportions très différentes (jambes longues et buste court, ou l’inverse), nécessitant des cadres radicalement différents.

La ‘taille’ (S, M, L) est un indicateur marketing et non une norme. Deux ‘Taille M’ de marques différentes (ex: Lapierre vs Orbea) peuvent avoir des longueurs et hauteurs de cadre totalement différentes. Il est impossible de revendre un vélo à la mauvaise taille sur le marché de l’occasion français, représentant une double peine financière.

– Experts multimarques français, Standardisation des tailles de cadre vélo

Le tableau suivant, basé sur des données publiques de 2024, illustre concrètement cette variabilité. Pour une même taille théorique « M », les longueurs (Reach) et hauteurs (Stack) de cadre varient considérablement, impactant directement la position du cycliste.

Variabilité des géométries de cadre par marque (exemple Taille M)
Marque / Modèle Taille M (Tube Horizontal) Stack (mm) Reach (mm) Angle Tube Selle
Lapierre Xelius (Route 2024) 540mm 546 387 74.5°
Orbea Orca (Route 2024) 535mm 552 380 73.5°
Trek Émonda (Route 2024) 550mm 540 392 73°
Canyon Aeroad (Route 2025) 545mm 535 390 73.5°

La seule approche fiable est de se référer aux tableaux de géométrie détaillés fournis par chaque fabricant, en se concentrant sur deux mesures clés : le Stack (hauteur du cadre) et le Reach (longueur du cadre). Ces deux chiffres définissent la posture que vous adopterez : plus le Stack est élevé et le Reach court, plus la position sera relevée et confortable. Inversement, un Stack bas et un Reach long imposent une position allongée et aérodynamique.

Cette étape est la plus technique, mais aussi la plus cruciale. Prenez le temps de bien assimiler les principes de base du choix de la taille de cadre pour ne pas commettre d’erreur.

Ignorer la géométrie au profit de la couleur ou de la marque est la voie la plus sûre vers un mauvais investissement. La bonne taille n’est pas une option, c’est le fondement de tout le projet.

Trop petit ou trop grand ? La méthode pour trancher le dilemme de l’entre-deux tailles

Il arrive fréquemment que votre morphologie vous place « entre deux tailles » dans le tableau d’un fabricant. C’est un dilemme courant qui peut paralyser la décision. Faut-il privilégier le cadre plus petit pour plus de maniabilité, ou le plus grand pour plus de stabilité ? La réponse dépend de votre pratique future et de votre souplesse, mais une règle générale prévaut : en cas de doute, choisissez toujours la taille la plus petite.

Un cadre légèrement trop petit offre plus de flexibilité. Il est toujours possible de l’ « agrandir » en installant une potence plus longue ou une tige de selle avec plus de recul pour ajuster votre position. À l’inverse, un cadre trop grand est une impasse. Il est impossible de le « raccourcir » de manière significative sans compromettre dangereusement la maniabilité et la sécurité du vélo. Un cadre trop long vous forcera à une position trop étirée, source de douleurs aux cervicales, au dos et aux poignets. Un cadre trop haut réduira votre sortie de selle et votre capacité à manœuvrer le vélo en danseuse.

Cependant, les mesures de Stack et de Reach, bien qu’utiles, ne sont pas une science exacte. Comme le souligne une analyse d’expert, elles ne remplacent pas une étude complète. Une citation pertinente met en garde : « Ne croyez pas que le ‘stack’ et le ‘reach’ vous permettent de choisir la bonne géométrie de cadre adaptée à votre morphologie sans erreur. Ces deux mesures sont utiles pour comparer, mais une étude posturale avant l’achat définit réellement votre géométrie idéale. »

Pour tout investissement dépassant 1500€, ou si vous avez des antécédents de douleur, l’étude posturale est un investissement extrêmement rentable. C’est un service proposé par des vélocistes spécialisés ou des enseignes comme Decathlon. L’investissement, qui varie de 70€ à plus de 280€ pour une analyse 3D complète, vous fournira les cotes idéales de votre futur cadre (Stack, Reach, angles). Armé de ces données, vous pourrez comparer les géométries des différents fabricants sur une base objective et choisir en toute confiance, éliminant ainsi le dilemme de l’entre-deux tailles.

Considérez le coût d’une étude posturale non pas comme une dépense supplémentaire, mais comme une assurance contre une erreur à 2000€.

Les trois pièges classiques dans lesquels tombent 90% des acheteurs de vélo

Au-delà des erreurs de vision stratégique, le parcours d’achat est jalonné de pièges très concrets. En connaître les trois principaux vous armera pour prendre des décisions plus sereines et plus avisées, surtout dans le contexte français actuel.

Le premier piège est de laisser les aides de l’État guider votre choix. Les bonus écologiques et primes à la conversion ont été un formidable levier, mais ils ont aussi créé un biais. Des acheteurs se sont focalisés sur les modèles éligibles plutôt que sur leurs besoins réels. Ce piège devient d’autant plus critique avec la décision officielle du gouvernement français de supprimer toutes les aides nationales pour l’achat de vélos neufs à compter de février 2025. La leçon est claire : une subvention est un bonus, jamais un critère de décision principal.

Le deuxième piège est l’achat 100% en ligne sans anticiper le Service Après-Vente. Les marques de vente directe comme Canyon, ou même les géants comme Decathlon, proposent des rapports qualité-prix imbattables. Cependant, en cas de problème, la logistique peut virer au cauchemar : retours à l’usine en Allemagne, délais de réparation de plusieurs semaines, difficulté à trouver un vélociste local acceptant de réparer un vélo qu’il n’a pas vendu. Privilégier un vélociste indépendant de quartier, c’est investir dans un service de proximité, un conseil personnalisé, et la certitude d’avoir un interlocuteur pour l’entretien, les réglages et le marquage Bicycode.

Le troisième piège est le syndrome du « héros du Tour de France ». Acheter un vélo de course ultra-rigide et performant pour faire du vélotaf sur les pistes cyclables parisiennes, souvent mal entretenues, est une source de frustration assurée. Les pneus fins sont sujets aux crevaisons, la position agressive est inconfortable dans le trafic, et le cadre en carbone supporte mal les chocs contre le mobilier urbain. Le choix du vélo doit être en adéquation avec la réalité de votre terrain de jeu quotidien, pas avec l’image fantasmée du cycliste que vous aimeriez être.

Un achat réussi est un achat conscient, libéré des biais marketing et des fausses bonnes affaires. La lucidité est votre meilleur atout.

À retenir

  • Le Coût Total de Possession (maintenance, revente) est un indicateur plus pertinent que le prix d’achat.
  • La spécialisation est source de motivation : deux vélos d’occasion bien choisis valent mieux qu’un « couteau suisse » décevant.
  • La taille du cadre est non-négociable. Fiez-vous à la géométrie (Stack & Reach), pas aux tailles marketing (S, M, L).

N’essayez pas juste un vélo, testez-le : le protocole en 10 minutes pour être sûr de votre choix

La théorie, c’est bien. La pratique, c’est mieux. Après avoir défini votre projet, votre budget TCO, le matériau et la taille, vient l’étape ultime : l’essai. Mais attention, « essayer » ne veut pas dire faire un tour de 50 mètres sur le parking lisse du magasin. Pour être certain de votre investissement, vous devez soumettre le vélo à un protocole de test réaliste, simulant les conditions réelles de votre futur usage. C’est le seul moyen de sentir le « caractère » du vélo et de valider qu’il correspond à vos attentes.

De nombreuses enseignes en France, comme le réseau Cyclable, proposent des journées de test ou même la location pour un week-end. Pour les marques plus exclusives, contacter les ambassadeurs locaux est une excellente option. Mais que vous ayez 2 jours ou seulement 10 minutes, l’important est de savoir quoi tester. Un bon protocole ne teste pas la vitesse de pointe, mais la polyvalence, la réactivité et le confort dans des situations du quotidien.

Le test doit répondre à des questions simples. Le vélo est-il assez léger pour que je puisse le monter au 3ème étage sans ascenseur ? Est-il assez nerveux pour démarrer rapidement à un feu rouge en côte, comme on en trouve tant à Lyon ou Marseille ? Est-il assez maniable pour un virage serré sur une piste cyclable bidirectionnelle ? Absorbe-t-il bien les vibrations des pavés d’un centre-ville historique ? Un essai efficace est un essai qui reproduit VOTRE réalité.

Votre plan d’action : protocole de test en conditions réelles

  1. Simulation de portage (1 min) : Soulevez le vélo et simulez son transport. Est-il gérable pour votre contexte (escaliers d’appartement, accès au local vélo) ?
  2. Test de nervosité (2 min) : Trouvez une petite côte et effectuez un démarrage arrêté. Le cadre est-il réactif ou semble-t-il « inerte » ?
  3. Épreuve de maniabilité (3 min) : Enchaînez un virage serré (simulant une piste cyclable étroite) et le franchissement d’un trottoir « bateau ». Le vélo est-il agile et sécurisant ?
  4. Validation du confort (2 min) : Roulez sur une section dégradée ou pavée. Comment le vélo absorbe-t-il les vibrations ? Sentez-vous chaque aspérité dans vos bras et votre dos ?
  5. Contrôle du freinage (2 min) : Si possible, effectuez un freinage appuyé sur sol humide (ou simulez-le). La puissance et la progressivité sont-elles au rendez-vous ?

Un vélo qui passe ce test avec succès n’est plus une simple promesse sur le papier, c’est une certitude. C’est le moment où l’investissement stratégique rencontre la validation émotionnelle, scellant votre décision pour les années à venir.

Questions fréquentes sur le choix de la taille d’un vélo

Comment mesurer mon entrejambe précisément ?

Posez-vous pieds nus contre un mur, les talons bien collés à la paroi. Placez un livre à couverture rigide (ou un niveau à bulle) entre vos jambes, en le remontant fermement contre la zone du périnée. Assurez-vous que le livre est parallèle au sol. Marquez le haut du livre sur le mur avec un crayon. La distance entre le sol et ce trait est la mesure de votre entrejambe. Pour une première estimation de la taille du cadre, multipliez cette valeur par 0,66 pour un vélo de route et par 0,575 pour un VTT.

Vaut-il mieux prendre plus petit ou plus grand en cas de doute ?

La règle d’or est de privilégier la taille inférieure. Il est beaucoup plus facile et sûr d’ajuster un vélo légèrement trop petit en changeant la potence pour une plus longue ou en optant pour une tige de selle avec plus de recul. À l’inverse, il est quasiment impossible de « raccourcir » un cadre trop grand sans compromettre la géométrie, la sécurité et le confort du vélo.

Les proportions du corps comptent-elles plus que la taille globale ?

Absolument. C’est même le point le plus important. Deux personnes mesurant 1m80 peuvent avoir des besoins très différents : l’une avec de longues jambes et un torse court nécessitera un cadre avec moins de longueur (Reach) et plus de hauteur (Stack), tandis que l’autre avec des proportions inverses sera plus à l’aise sur un cadre plus long et plus bas. Ne vous fiez jamais uniquement à votre taille ; consultez systématiquement le tableau de géométrie détaillé de chaque modèle qui vous intéresse.

Vaut-il la peine de faire une étude posturale ?

Oui, sans hésiter, si votre budget pour le vélo dépasse 1500 € ou si vous avez déjà connu des douleurs à vélo (dos, genoux, cervicales). Le coût, généralement compris entre 70 € et 280 €, doit être considéré comme un investissement dans votre santé et dans la longévité de votre pratique. Une étude posturale vous donne les cotes précises de votre vélo idéal, ce qui rend le processus de choix beaucoup plus objectif et sécurisant.

Rédigé par Émilie Durand, Émilie Durand est une journaliste lifestyle qui écrit sur les nouvelles mobilités et le bien-être depuis 8 ans. Elle s'est spécialisée dans la vulgarisation des sujets complexes pour les rendre accessibles au grand public.